Solidarité : la nouvelle tendance au travail

solidarité et association Café de l'Avenir

Qui l’eut cru ? La solidarité est en train de gagner du terrain en entreprise. Entre arrondi sur salaire, mécénat de compétences, don de jours de repos… les salariés s’avèrent de plus en plus sensibles aux autres au boulot. Témoignages.

Alizée, adepte du mécénat de compétences

Lorsqu’on lui a proposé de partir faire du mécénat de compétences durant 6 mois pour le compte de l’AFM-Téléthon, Alizée Vallon n’a pas hésité une seconde. Sa mission ? Aider l’association à identifier de nouveaux relais de croissance. « Me sentir utile à quelque chose me tenait particulièrement à cœur. Travailler pour une organisation « non profit » a donné davantage de sens à mon métier. Du coup, je me suis également investie en dehors de mon temps de travail en participant à l’organisation des événements de l’association », se souvient cette consultante du cabinet Weave.

L’histoire de cette jeune femme n’est pas un cas isolé. Au contraire. La générosité au travail devient une véritable tendance. Chaque année des milliers de salariés français décident de donner de leur temps de travail au profit d’un projet d’intérêt général, souvent dans une association. « Les jeunes consultants en sont friands, ils poursuivent ainsi l’implication associative débutée durant leur parcours académique. C’est une autre façon de donner du sens à son travail en évoluant ponctuellement au sein d’un environnement et un modèle économique et de gouvernance différents », argumente-Pierre Dominique Vitoux, administrateur de Syntec conseil en management. 

Alfonso, bénévole auprès de jeunes en insertion

La solidarité entre générations s’avère également très prisée par les salariés. Certains n’hésitent pas à mettre leur expertise au service de jeunes (ou de moins jeunes d’ailleurs) en recherche d’emploi.

Depuis 8 ans, Alfonso Castro, directeur des partenariats stratégiques chez Microsoft, est ainsi bénévole au Café de l’avenir. Une fois par mois, il rencontre les trois jeunes diplômés en recherche d’emploi qu’il accompagne. « Le reste du temps, ils peuvent me joindre par téléphone ou mail. Souvent, on se parle la veille d’un entretien d’embauche ou suite à la mise à jour de leur CV. Cela me prend quelques secondes à quelques heures par semaine. Je ne compte pas. En tout cas, cela fait partie de ma vie professionnelle au même titre que d’autres obligations », raconte-t-il.

Pour lui, cet engagement est une façon de transmettre à son tour ce qu’il a pu apprendre au cours de sa carrière. « Mon employeur est au courant de ma démarche et l’appuie même parfois en citant l’association lors de conférences. J’en parle ouvertement. Certains autres salariés de Microsoft ont même rejoint l’association depuis », confie-t-il pas peu fier d’aider des jeunes à décrocher un job mais aussi de faire des émules dans son entourage.

Aquassistance, l’association de solidarité des salariés de Suez Environnement

D’autres salariés poussent encore plus loin la solidarité en créant carrément une association de solidarité internationale réservée au personnel ». L’objectif des bénévoles d’Aquassistance, association des salariés et retraités de Suez Environnement est ainsi de permettre à des populations en grande difficulté d’accéder à l’eau potable, à l’assainissement et à la gestion des déchets. En 20 ans, près de 900 collaborateurs ont répondu à l’appel. « Plus de 225 bénévoles ont déjà effectué une mission pouvant aller de 1 à 4 semaines selon leur disponibilité. C’est une démarche individuelle hors temps de travail qui nécessite de poser des jours de congés. Nous prenons en charge les frais de transport, de visas, de vaccins ainsi que les assurances », précise Délia Moulin, responsable communication et des relations avec les adhérents.

Les motivations de ces bénévoles mêlent à la fois une envie d’aider mais aussi un besoin de donner du sens à leur travail. « En se rendant sur le terrain, ils redécouvrent les bases de leur métier de manière plus directe. Ils apprécient également les relations avec les partenaires et les populations locales », conclut-elle.

Les donneurs de RTT

D’autres salariés donnent de leur temps… en offrant des jours de congés à leurs collègues. C’est grâce à cette générosité que Frédéric qui travaille et vit en famille en Auvergne, va pouvoir bénéficier de 262 jours de congés payéspour s’occuper de sa fille atteinte d’une leucémie. Depuis le vote de la loi Mathys du 9 mai 2014, un salarié peut en effet renoncer de manière anonyme et sans contrepartie (et avec l’accord de son employeur) à des jours de repos au bénéfice d’un autre salarié devant être obligatoirement au chevet de l’un de ses enfants (moins de 20 ans) atteint d’une maladie, d’un handicap ou victime d’un accident. Cet élan de générosité inter collègues va donc permettre à Frédéric de cesser son activité professionnelle pendant un an pour s’occuper de sa fille.

Ils donnent une partie de leur salaire

Enfin, la solidarité au boulot passe également par des dons en espèces sonnantes et trébuchantes. Un quart des salariés d’ADP (Automatic Data Processing), participe ainsi activement au programme de l’Arrondi sur salaire. Le principe est simple : les volontaires versent chaque mois les centimes qui dépassent de leur salaire net à une association. En l’occurrence pour eux, l’Adie (spécialiste du micro crédit) et d’une association œuvrant dans la réinsertion professionnelle. Depuis 2010, 50 000 euros ont été ainsi récoltés grâce à ces dons. « Il n’existe pas de profil-type de donateur. Ce n’est pas une question de revenu mais vraiment un élan personnel de générosité. D’ailleurs très peu de donateurs nous demandent le reçu fiscal annuel qui leur permettrait de déduire les sommes versées de leurs impôts. On est bien dans une démarche philanthrope », constate Stanislas de La Foye, directeur de la stratégie France d’ADP.

Cette mode du « payroll giving », importée en France par MicroDON, est aujourd’hui en train de prendre de l’ampleur dans les entreprises. « Depuis janvier, nous avons doublé le nombre de donateurs potentiels pour atteindre 60 000 et sans doute 100 000 fin 2015 », avance Elisabeth Hugot, directrice commerciale Arrondi sur salaire chez microDON. En 2014, l’entreprise a ainsi récolté 250 000 euros via 34 000 dons. Les salariés peuvent également décider de donner quelques euros en plus chaque mois (4 euros en moyenne) en général abondés par l’employeur. Chacun place le curseur là où il veut.

Auteur : Sylvie Laidet
Article publié initialement le 20/02/2015 sur
Cadremploi.fr

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